Jocelyn Létourneau et Alexandre Turgeon présenteront des conférences lors du 81e congrès de l’ACFAS tenu entre le 6 et le 10 mai 2013 à l’Université Laval dans la ville de Québec. Voici le résumé de ces conférences.
Se penser ensemble dans le Québec d’aujourd’hui
L’expression lieu de passage renvoie au fait que les sociétés ne cessent d’évoluer par rapport à leur état d’être. Selon les moments, le cheminement sociétal est plus ou moins lent ou rapide, apaisé ou violent. L’état d’être d’une société coïncide avec un régime de vivre-ensemble (dont l’une des composantes est de se penser ensemble) qui contribue à la fonctionnalité de la société. L’idée de vivre-ensemble ne signifie pas la disparition des tensions, mais leur modulation dans des formes qui régulent la vie collective. Parfois, l’évolution de la société provoque assez de mutations pour modifier la configuration de l’état d’être de la société et son régime de vivre-ensemble. L’instabilité apparaît. On tente de recréer la concorde en agissant notamment sur le plan symbolique, lequel renvoie au mode de se penser ensemble. Le Québec connaît maintenant une situation mutationnelle. On ne parle pas de crise, mais de problèmes de conciliation entre identité et altérité, d’une part, et d’articulation entre référents collectifs établis et émergents, d’autre part.
Partant de la situation présente du Québec, il s’agira de voir comment les passages qui le marquent – et qui sont susceptibles d’impacter sur le mode de vivre-ensemble et de se penser ensemble comme Québécois – induisent des réactions diverses de la part des groupes sociaux, certains étant soucieux de ramener le Québec vers un état d’être acquis, d’autres poussant la société vers l’actualisation de ses figures identitaires.
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Au sein du colloque La satire dans les arts visuels : questions de la recherche actuelle, qui se tiendra le mercredi 8 mai…
« La Palme présente Displicuit Nasus Tuus » : les origines caricaturales de la Grande Noirceur?
Au printemps 1944, le gouvernement libéral d’Adélard Godbout s’apprête à déclencher des élections au Québec. Au pouvoir depuis 1939, le Parti libéral affronte l’Union nationale et le Bloc populaire, dirigés respectivement par Maurice Duplessis – premier ministre de la province entre 1936 et 1939 – et Maxime Raymond. Affaibli par son appui à William Lyon MacKenzie King sur la question de la conscription, Adélard Godbout passe à l’offensive. Les libéraux se tournent vers Robert La Palme, caricaturiste du journal Le Canada, pour la production d’une brochure électorale intitulée « La Palme présente Displicuit Nasus Tuus : tragi-comédie politique en 32 tableaux » – du latin « Ton nez déplaît », en référence au long nez de Maurice Duplessis
Pour étudier cette brochure électorale, nous nous intéresserons de plus près aux stratégies électorales mises en place lors de la campagne de 1944, en s’arrêtant au travail de Lucien Parizeau et de Jean-Marie Nadeau en particulier, eux qui sont les responsables de la propagande libérale. Nous nous pencherons également sur les 32 caricatures de Robert La Palme choisies pour cet exercice, puisées à même un corpus d’une centaine de caricatures publiées par l’artiste dans les pages du journal Le Canada en 1943 et 1944. Nous serons ainsi à même de voir quelles thématiques, quels enjeux et quels sujets ont été privilégiés par le Parti libéral pour la réalisation de cette brochure.